Licher la colle

le soir je liche la colle d’enveloppes
son goût métallique et doux
me rappelle que celle qui reçoit
la lettre enveloppée ne la goutera pas
bécote-t-elle ses lettres qu’elle tient ?
dans le froid d’hiver au seuil
loin de mon seuil, loin de ma langue
loin de mon stylo, quatre jours plus tard
cherche-t-elle mes lèvres dans l’obscurité ?
au début d’une nuit très longue
m’entend-elle hennir seule dans mon salon foncé ?
couché sur la moquette là-bas dans son futur proche
hennit-elle au seuil quand elle lit mes mots
à voix haute, comme moi je les ai lus ?
ou rit-elle en silence comme les oiseaux
dehors et tue ?
dans le froid d’hiver, la nuit est longue
au seuil, seule, mes mots au bout de sa langue
je chante depuis son passé pour atteindre son avenir
elle ne liche pas ma lettre parce que
        « je ne peux pas être
        amoureuse d’un souvenir »

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