En Louisiane

en janvier on ramasse du manglier
et fait des fricassées de rentier
dans un pays catastrophé
puis on célèbre l’histoire des noirs en février
comme si ça leur ferait quelque chose
comme si on pourrait les repayer
pour avoir créé tout qu’on mange
qu’on écoute, qu’on aime et comment
on s’égaye dans tous les côtés
un jour, on va se réveiller
dire bonjour à la farce
en mars, le faux printemps,
saison éparse, passe et éventuellement
on retrouve notre nombril en avril
chez soi, chez toi
ayoù tu manges en français et danses en créole
et chantes les paroles du bourdonnement
des maringouins mesquins qui volent sans fin
en juin jusqu’au
futur lointain mais enfin
tu peux lire ton bouquin
et fumer tous tes joints
et jouer à la barène
et écouter les fous bourrés
en juillet on oublie où est toutes nos idées
trop saoul et pas assez de culpabilité
comme si on va se retrouver
en août mais on commence à
regretter les souvenirs perdus
équand ça brule la canne
et chicane dans la chaleur
ça ne fait rien contre le tracas des ouragans
et les temps en septembre
cache-toi dans ta chambre
avec un matelas sur ta tête
et après, chante l’alphabet,
et recycle les déchets
quand le ciel se balaye
avec l’air frais, là on va bien manger
et en novembre on remplit nos ventres
pour bien se préparer
parce qu’en décembre
les nuits sont longues
et la vieille lune règne encore
et nous savonne la langue
langue affilée
langue doublée, amarrée
langue trop longue et
trop grande pour une seule song
chantons ensemble
rassemblons-nous
en Louisiane, et partout.

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